COURS de NON-DUALITÉ
Rêve Sommeil Éveil
Traduction d'extraits du livre "Talks with Maharshi"
Disponible au complet ici.
Traduction de l'anglais au français par Claude Vinet.
Sri Bhagavan utilise les états du sommeil, rêve et éveil pour enseigner.
Le 3 Janvier 1937.
Dans les réponses d'hier, Sri Baghavan disait que dans le sommeil profond,
l'individu est alors dans un état de conscience pure, et il indiquait qu'au
moment précis du réveil il y a un état transitoire qui s'apparente à l'état
de celui qui a réalisé le soi. (État de paix permanent).
On demande plus d'explications et Sri Baghavan répond:
L'individu est pure conscience dans le sommeil; et pendant la transition
vers l'éveil il évolue du "Je" sans "ceci" à la manifestation du "Je" avec
"ceci" au réveil. L'expérience de la personne se fait à l'aide du "Je" avec
"ceci" uniquement. Ainsi, l'aspirant doit viser à sa réalisation en se
basant sur l'état du "Je" sans "ceci" (par l'utilisation du "Je " de
transition). Autrement, l'expérience du sommeil ne lui importe pas. Si le
"Je" transitoire est maintenu en permanence, le substratum est trouvé et
cela mène au but. (Le substratum étant conscience pure, au-delà des trois
états : sommeil, rêve, éveil ).
On dit que le sommeil est ignorance. Bien, mais c'est seulement par la
cognition rapportée à l'état de veille que cette assertion est faite.
Considérez l'inverse; c'est l'état de veille qui est ignorance et l'état de
sommeil la connaissance. La connaissance pleine et entière est divine
disent les textes. Et la conscience divine est éternelle. On le nomme pure
connaissance celui qui expérimente le sommeil. La pure connaissance
englobant les trois états. Mais l'état du sommeil signifie particulièrement
que la conscience est exclusivement en cognition d'elle-même.
Qu'est-ce que la cognition de soi ?
Durant la perception des sens, l'ignorance et la connaissance fonctionnent
ensemble et l'ignorance coexiste avec l'individu personnel. Pendant l'état
d'éveil, la connaissance de soi est erronée et c'est l'ignorance. Mais
lorsque cette connaissance de soi devient véritable, c'est divin. En absence
de l'ignorance, comme dans le sommeil, il ne reste que cette connaissance
pure. C'est Soi.
N'étant fait que de connaissance uniquement, comment peut-Il être
expérimenté ? L'expérience tient toujours de la connaissance de soi. Par
conséquent, le pur "Je" de transition doit être tenu pour l'expérience de
soi. Le "Je" de l'état éveillé n'étant pas utile pour une telle expérience.
D'où l'utilisation du "Je" de transition ou du pur "Je". Comment faire pour
maintenir l'état de ce "Je" pur en permanence ?
Les sages disent : "Il brille sans arrêt devant l'entendement intellectuel".
Et ils rapportent que l'intervalle entre deux pensées, représente le "Je"
pur. Le soi est également décrit comme le témoin du conscient et au-delà du
être et non-être. On en conclut donc qu'en se concentrant exclusivement sur
le "Je" pur on doit en arriver à la pleine connaissance de soi et hériter de
l'état de grâce par la tentative. L'état de grâce et la connaissance de soi
menant simultanément à la Libération. Mais si ce Soi est pur, comment
peut-il être expérimenté à partir du "Je" contaminé ?
L'homme dit "J'ai bien dormi". Le bonheur
était donc son expérience. Sinon comment peut-il en parler si l'expérience
n'a pas eu lieu
? Comment a-t-il pu expérimenter le bonheur dans son sommeil si le soi
n'était pur ? Et qui est-il celui qui relate cette expérience maintenant ?
Celui qui témoigne, c'est le « Je inconscient » de lui-même qui parle du «
Je conscient » de lui-même. Le témoignage de l'expérience du bonheur dans
son sommeil révèle l'existence de ce "Je" conscient de lui-même.
Comment était-il alors ? Sûrement pas comme dans l'état de veille; mais il
était là et très subtilement. Le soi ignorant de lui-même fait la
connaissance de lui-même par le sommeil, et c'est comme voir les rayons de
la lune vue du dessous des branches, au travers de brindilles d'arbre.
L'ignorance de soi devient comme une étrangère devant l'évidence de soi à ce
moment. Pourquoi impliquer l'existence de la connaissance du céleste dans le
sommeil ? Ne devrions-nous pas plutôt ignorer cette inférence et nier
l'expérience de ce bonheur ? Non .
Le fait de l'expérience du bonheur ne peut pas être nié, parce que chacun va
au-devant du sommeil et se prépare un bon lit et espère une bonne nuit de
sommeil.
Nous concluons que les triades de type "connaisseur, connaissance et connu"
sont bien présentes dans chacun des trois états, bien qu'il y ait des
différences dans leurs subtilités. Pendant la transition, le "Je conscient"
est pur parce que le "ceci" est supprimé. Le "Je conscient" pur prédomine.
Pourquoi est-ce que le "Je conscient" pur se réalise dans ce cas et reviens
à la mémoire ? En raison du lien de connaissance avec lui-même, ce "Je"
n'est reconnu que si consciemment approché.
On doit donc faire l'effort de le gagner et le garder à la
conscience.
Réalité et Mythe
Quelqu'un demande à Sri Baghavan : comment se peut-il que "réalité et mythe
soient tous deux la même chose." ?
M : Les détracteurs de Sri Shankara condamnent sa philosophie sans la
comprendre.
Que dit-il ?
1. La Conscience est vraie,
2. L'univers est un mythe,
3. La Conscience est l'univers.
Il ne s'arrête pas au deuxième point mais il continue et il complète avec un
troisième.
Que cela signifie-t-il ?
La conception d'un univers indépendant de la Conscience est une perception
erronée. Les antagonistes utilisent l'illustration d'une corde qui semble
être un serpent. Ça, c'est une superposition inconditionnelle. Lorsque la
vérité de la corde est connue, l'illusion du serpent est supprimée une fois
pour toutes. Mais ils devraient également prendre en compte la superposition
conditionnelle, comme par exemple, au sujet de l'eau à l'apparition d'un
mirage. Le mirage ne disparaît pas même après sa découverte. La vision est
encore là mais l'homme ne va plus à elle pour boire de son eau. Sri Shankara
doit être compris à la lumière de ces deux illustrations. Le monde demeure
un mirage et même après cette cognition, il continue d'apparaître. Le monde
doit être perçu comme un tout entier dans la Conscience et non pas
indépendamment d'elle.
Si le monde apparaît, à qui apparaît-il ? Quelle est votre réponse ?
Vous devez répondre à la Conscience. Sinon, le monde apparaîtra-t-il en
l'absence de celui qui en est conscient ? Par conséquent, la Conscience est
la seule réalité.
Voilà sa conclusion :
Les phénomènes sont réels tant qu'ils sont inclus dans la Conscience, et les
mythes le deviennent que s'il y a séparation d'avec la Conscience.
Maintenant, que disent les détracteurs ? Ils disent que les phénomènes sont
vrais parce qu'ils font partie de la réalité dans laquelle ils apparaissent.
Ces deux arguments ne sont-ils pas la même chose ? C'est ce que j'ai voulu
dire par la réalité et la fausseté sont une et même chose.
Les antagonistes continuent:
En considérant les illusions conditionnelles et inconditionnelles, le
phénomène de l'eau dans un mirage est purement illusoire parce que cette eau
ne peut pas être utilisée. D'autre part, ils disent que le phénomène du
monde en mode éveil est différent, parce qu'utile. Comment peut-on tenir ces
deux arguments comme de niveau semblable ? Un phénomène ne devient pas une
réalité simplement parce qu'il atteint un but ou des objectifs. Prenons un
rêve par exemple. Les créations du rêve sont utiles; elles servent
l'objectif du rêve. L'eau du rêve étanche la soif rêvée. Mais les créations
à l'état de veille sont contredites par les deux autres états. Ce qui n'est
pas continu ne peut pas être vrai. Si une chose prétend être vraie, elle
doit supporter sa réalité en tout temps, non pas être vrai pendant une
courte période et irréelle d'autres fois. Sinon cela devient des créations
magiques. Elles semblent vraies, mais sont pourtant illusoires. De même,
l'univers ne peut être réel de par lui-même et indépendamment de sa Réalité
sous- jacente permanente.
Lorsqu'il y a feu à l'écran du cinéma, brûle-t-il l'écran ? Si la scène est
une cascade d'eau, l'écran devient-il mouillé ?
Donc le visionnement du film n'endommage pas l'écran. Ainsi en est-il du
monde, c'est un simple phénomène qui surgit dans le champ de la Conscience
qui ne s'en affecte pas du tout.
Le 7 Novembre 1938.
La multiplicité des individus est un sujet soulevé par la plupart des
personnes.
Les âmes individuelles ne sont que de la lumière réfléchie sur l'ego. La
personne s'identifie avec l'ego et argumente qu'elle doit y en avoir plus
comme elle. Elle n'est pas facilement convaincue de l'absurdité de sa
position. Est-ce que l'homme qui voit plusieurs individus en rêve persiste
de les croire réels et s'en inquiète après son réveil ? Mais cet argument ne
convainc pas la personne identifiée à l'ego.
Considérons la lune.
Quiconque la regarde de n'importe quel endroit à n'importe quel moment; elle
demeure la même lune. Tout le monde sait cela. Supposons maintenant qu'il y
ait plusieurs bassins d'eau qui réfléchissent la lune. Les images seront
différentes de l'un à l'autre et de la lune elle-même. Si l'un des bassins
se brise, la réflexion cesse. Cette disparition n'affecte en rien la
véritable lune ni la réflexion dans les autres bassins.
C'est similaire avec l'individu qui atteint la libération. Lui seul est
libéré Les sectaires de la multiplicité font cet argument contre la non
dualité : "Si le Soi était seul, alors qu'un seul homme se libère, cela
impliquerait que toutes les âmes soient libérées. En pratique cela ne se
vérifie pas. Donc, la non-dualité, est incorrecte." La faiblesse de cet
argument est que la lumière réfléchie du Soi est confondue pour la Lumière
d'origine du Soi. L'ego, le monde, et les individus viennent des impressions
illusoires de la personne. Lorsqu'elles périssent, les hallucinations de
cette personne disparaissent; ceci pour dire que, si l'un bassin se brise,
la réflexion relative se termine.
Le fait est que le Soi n'est jamais asservi. Il ne peut donc en aucun cas
avoir de libération pour lui. Tous les problèmes ne sont que pour l'ego
seulement.
Le 23 Janvier 1937.
La Réalisation de soi est comme ceci: le Noeud du Coeur est coupé en
morceaux. Les faux délires de l'ignorance, les tendances vicieuses du mental
qui durent depuis des âges et qui constituent ce noeud, sont détruites. Tous
les doutes sont dissipés et l'asservissement au Karma cesse. Donc Sri
Shankara, dans son "Crown Gem of Discrimination" décrit le samadhi ou la
transcendance comme pure bénédiction infinie de la libération, au-delà de
tout doute et dualisme, et en même temps montre les moyens pour l'atteindre.
Atteindre l'état de libération du dualisme est le summum bonum en cette vie
: seul celui qui y parvient gagne sa liberté de son vivant, non seulement
une compréhension intellectuel de ce qui constitue cette libération, mais
parvient au but si désiré et réalise l'ultime objectif de l'humain.
Le 23 Janvier 1937.
Celui qui atteint la Libération de son vivant est déclaré libre des causes à
effets (karma) autant de son passé, du présent et de toute conséquence pour
toujours. L'aspirant à ce stade relate son expérience. Le libéré est libre
d'agir à sa guise et, au moment de laisser la condition mortelle, il atteint
l'absolution et ne revient pas à cette connaissance qui est la mort. Sri
Shankara décrit donc la Réalisation comme ayant deux volets: celui qui se
libère de son vivant obtient la même libération que celui que se libère
après la mort.
Fin du texte.